Découvrons la Résistance dans la Manche à travers quelques objets
Cette photo d’un petit cercueil en bois, minutieusement façonné et adressé à un « collabo », nous permet de vous parler de la résistance dans la Manche pendant la Seconde Guerre mondiale. En fin d’article, nous vous présentons plusieurs objets de la Résistance, sélectionnés parmi les nombreux exposés au Normandy Victory Museum.

Ce petit cercueil de bois fut envoyé en 1944 à un commerçant de la région de Saint-Lô, collaborateur économique notoire, accompagné d’une lettre pleine de « recommandations », quant aux années à venir et au comportement à tenir… Il révèle un solide esprit de résistance. Le sentiment de Résistance dans la Manche naît dès l’arrivée des Allemands au début de la guerre et se renforce encore avec l’Armistice puis la multiplication des contraintes, dues autant à Vichy qu’aux occupants. La résistance dans la Manche prend des formes diverses mais se caractérise par le refus de se soumettre.
Sommaire
Ces Manchois qui refusent la défaite
Les premiers engagements dans la Résistance sont ceux de ces Manchois qui refusent la défaite et décident de gagner l’Angleterre. A l’été 1940, ils rejoignent les troupes que le général de Gaulle est en train de rassembler. C’est alors une faible force, hétéroclite socialement comme militairement ou géographiquement, dont l’effectif ne dépasse guère les 7000 hommes en juillet 1940.
Quelques-uns de ces hommes viennent de la Manche, qu’ils sont parvenus à quitter par la mer, avec l’aide de pécheurs de Granville, Chausey, Coutainville, Carteret…
Comme ces quatre jeunes Valognais qui le 18 juin 1940, alors que les troupes de Rommel n’ont pas encore pris Cherbourg, rejoignent le port de Goury, embarquent pour Guernesey et prennent le bateau pour l’Angleterre. Et qui quatre jours plus tard, après divers interrogatoires, s’engagent dans les forces françaises libres.
Ou encore cet apprenti pâtissier de Coutances, âgé de 20 ans, qui décide, à l’arrivée des Allemands, de « faire quelque chose ». Avec cinq camarades et la complicité d’un pêcheur du Passous, il gagne Jersey à la rame. Engagé à son tour, il combat en Afrique, en Italie, débarque en Provence, fait la campagne d’Alsace et achève son parcours par le défilé de la Victoire à Paris, en 1945.

Brassard du comité local de libération de la commune de Portbail
La Résistance dans les actes
Ces Manchois qui ont l’esprit de résistance, qui refusent l’Occupation et tous ceux qui la servent, agissent surtout de deux manières. On trouve d’abord des actes hostiles à l’Allemagne et à Vichy, comme la coupure de câbles allemands sur le bord de route, l’arrachage d’affiches de propagande ou le rajout de commentaires, le déplacement de panneaux indicateurs allemands. On peut aussi y ajouter l’aide apportée aux prisonniers français évadés, aux jeunes patriotes partant en Angleterre et aux soldats anglais. Ensuite, des Manchois tiennent à montrer leur patriotisme par le port des couleurs nationales, les rassemblements à l’appel de la BBC, les célébrations du 11 novembre et les dépôts de gerbes de fleurs aux monuments de 14-18. A partir du printemps 1941, cet état d’esprit d’opposition se manifeste par la multiplication des V de victoire et des croix de Lorraine sur les murs.

Nous avons reconstitué dans cette composition le matériel de sabotage d’un résistant de la Manche, au printemps 1944. Notez le le faible équipement.
Un état d’esprit hostile qui inquiète Vichy et les Allemands
Assez répandu dans le département, ce premier mouvement de refus révèle dès les débuts de guerre, un état d’esprit hostile, dont Vichy et les Allemands s’inquiètent. Les auteurs de tous ces actes sont alors recherchés et sévèrement condamnés lorsqu’ils sont découverts. Avec la guerre qui s’éternise, la répression se durcit et l’hostilité grandit encore. Mais ce sont surtout les défaites allemandes à l’Est et les messages du général de Gaulle, diffusés à la BBC, qui entrainent une large adhésion de l’opinion aux idées de la Résistance. Après octobre 1942, l’envoi des travailleurs en Allemagne et le STO, achèvent de mécontenter les Manchois. Désormais, tout est fait pour éviter « ça ». Au printemps 1944, le durcissement de l’Occupation et l’imminence du débarquement renforcent encore le sentiment anti-Allemand dans la Manche.
La Résistance manchoise repose sur des réseaux très secrets
La résistance organisée dans la Manche se met en place dès 1940, mais se structure surtout à compter de 1941 et 1942. Elle repose sur des réseaux, très secrets, dont le but est de fournir des renseignements militaires aux Alliés et des mouvements, plus larges, qui s’efforcent de mobiliser l’opinion.
Dès l’été 1940, de petits groupes se sont formés dans la Manche, sans relations avec l’extérieur. C’est le cas du groupe de Maurice Marland à Granville ou ceux de Cherbourg et Saint-Lô. Puis entre 1942 et 1944, une vingtaine de réseaux se mettent en place, qui recrutent dans tous les milieux et recherchent surtout des informations sur les défenses allemandes.
Les mouvements se développent un peu plus vite : début 1941 pour le Front National, communiste et dès 1942 pour les deux autres mouvements Libération-Nord et l’Organisation Civile et Militaire puis surtout après l’attaque de l’URSS par Hitler
Tous leurs membres font d’abord du renseignement, ils aident les requis du STO qui refusent de partir, fournissent de faux papiers, cachent les gens recherchés, pratiquent des sabotages isolés et surtout, diffusent la propagande en faveur des gaullistes ou des communistes.
A l’opposé, les « collabos » sont la cible de la Résistance et il n’est pas rare pour certains de recevoir un colis avec un petit cercueil accompagné d’une lettre de mise en garde. Au printemps 1944, les résistants Manchois sont environ 1800, désormais unifiés au sein des FFI, forces françaises de l’Intérieur. Peu nombreux mais déterminés, mal équipés, éprouvés par les nombreuses arrestations, ils sont cependant prêts à l’action.


Ici un tract qui était distribué aux habitants, indiquant où et comment écouter les ondes radio anglaises (BBC) et américaines.

Ce casque français modèle 26, dont la rondache a été enlevée, a été repeint avec une Croix de Lorraine encadrée d’un V pour Victoire, symbole des FFI au combat, à l’été 1944

On a retrouvé ce tract de la Résistance rédigé au dos d’une plaquette de chocolat, à Carentan. Il affiche clairement son opinion sur Pétain ! : « Celui qui de sa main bâtit lieux d’aisances, fait plus pour les humains que Pétain pour la France»
Pour découvrir des centaines d’autres objets authentiques et vous imprégner de l’Histoire, nous vous invitons à visiter le Normandy Victory Museum de Carentan, dans la Manche.
… Dans la même catégorie
Le rationnement dans la Manche pendant la Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les problèmes de ravitaillement et de production sont très importants. On manque de tout ! Afin de garantir un "minimum vital", le gouvernement met en place le ravitaillement sur tout le pays. Qu'en fut-il dans la Manche ? Notre...
Poussez les portes de l’Histoire
Visitez le Normandy Victory Museum Musée de la Bataille des haies. Nous sommes en Normandie, dans la Manche.