La veste PTT de René Duclos, résistant du Réseau Centurie-OCM dans les années 40, entre au musée.

Le Normandy Victory Museum vient de recevoir une pièce exceptionnelle par son histoire, qui viendra compléter les objets présentés au musée en ce qui concerne la résistance intérieure dans la Manche. Il s’agit de la veste d’un agent des PTT, courrier-convoyeur auprès de la SNCF, dans les années 40. Mais plus qu’une simple tenue, c’est celle ayant appartenu à René Duclos, résistant coutançais du Réseau Centurie-OCM.
René Duclos, courrier-convoyeur coutançais discret est repéré par la Résistance
Né en 1899, ancien combattant de la Grande Guerre, René Duclos vit à Coutances. En 1939, il est à nouveau mobilisé et part pour Cherbourg, où il est fait prisonnier, quelques mois plus tard, en juin 1940, à l’arrivée des Allemands. Avec plusieurs camarades, il parvient à fausser compagnie aux occupants et rejoint Coutances où il est finalement démobilisé. Il reprend alors son emploi aux Postes, comme courrier-convoyeur PTT sur les lignes de chemin de fer. Il est affecté à « l’allège postale », un wagon sans compartiments où l’on stocke et trie les sacs de courrier provenant des bureaux de poste proches des gares traversées. Les colis et les lettres sont ainsi réceptionnés à chaque arrêt en gare, le wagon jouant le rôle de bureau de poste ambulant, sur les trajets Lamballe-Coutances, Coutances-Lison-Caen ou Coutances-Cherbourg. Seul dans son bureau de poste sur rails, René Duclos est vite considéré comme un potentiel agent intéressant par les gens de la Résistance.
Où René Duclos devient Hyppolite 323 et rejoint le Centurie
En décembre 1940 ou dans les débuts 1941, à Lison, il est approché puis recruté par Gaston Picot, de Neuilly-la-Forêt, comme agent P2, au sein du réseau Centurie, pour le compte de l’Organisation civile et militaire. Désormais connu sous le pseudonyme d’ « Hyppolite 323 », sa mission consiste à récolter des renseignements et à faire circuler du courrier entre des membres du réseau au fil de ses déplacements. Son rayon d’action porte alors sur le nord-Bretagne, la Manche et une partie du Calvados. A compter de la fin 1942, avec la mise en place du STO, René Duclos fait aussi circuler de faux papiers, récupérés en région saint-loise, grâce aux membres OCM présents à la Préfecture de la Manche, au profit de jeunes réfractaires de la région de Coutances. A plusieurs reprises, René Duclos communique aussi des informations à deux cheminots de Coutances, membres du réseau « Front National Francs-Tireurs et Partisans », mais sans jamais leur dévoiler son engagement. Arrêtés en juillet 1942 lors de la grande rafle dans les milieux de la résistance communiste coutançaise, les deux hommes disparaissent, sans toutefois dénoncer leur informateur des PTT. Enfin, à de nombreuses occasions, René Duclos hébergea chez lui, sans rien dire ni à sa femme ni à sa fille, des agents du SOE, en mission en France, qui portaient la tenue des cheminots ou des postiers mais parlaient très peu, pour éviter de dévoiler leur origine anglaise.



Une tâche délicate : intercepter le courrier destiné à la Feldkommandantur
Mais la tâche la plus complexe que René Duclos doit effectuer consiste à intercepter le courrier provenant de particuliers et destiné à la Feldkommandantur ou aux annexes locales. On y trouve des lettres souvent remplies de dénonciations ou de renseignements susceptibles d’aider les Allemands, notamment dans leur lutte contre la résistance (détention d’armes, activité anti-allemande, écoute de la radio anglaise, propos gaullistes,…). Ce travail nécessitait du temps, de la prudence, certains courriers étant simplement détruits, d’autres remontant jusqu’aux membres OCM de la Préfecture qui les falsifiaient et les remettaient en circuit, en ayant toutefois averti les gens concernés au préalable ! Dans cette tâche, il est fréquemment assisté par un autre postier coutançais, récemment embauché.
Hiver 44 quand vient l’heure des comptes
Etant finalement parvenu à passer au travers des mailles du filet, René Duclos assiste au bombardement et à la destruction de Coutances, puis à la libération de la ville. Fin juillet 1944, il parvient à reprendre contact avec l’OCM qui le désigne comme membre du Comité départemental de la Libération, ainsi que juré titulaire à la Cour de Justice de la Manche. Il siège à Coutances à compter de l’hiver 1944 et juge les faits de collaboration, les dénonciations, etc. Rapidement, René Duclos obtient du service départemental des Anciens Combattants, le titre de « Combattant volontaire de la Résistance ».
Merci à la famille et aux généreux donateurs qui se reconnaîtront. Cette pièce d’Histoire est dorénavant exposée dans le musée. Pour que l’on n’oublie jamais le sacrifice de ces hommes, pour notre Liberté.

Poussez la porte du Normandy Victory Museum
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